Aloha !

4h30. Je me réveille en sursaut et en sueur.
Je viens de faire un cauchemar...
Le soleil est déjà haut, bien qu'il pleuve et qu'il vente.
Je suis en horaires décalés en ce moment parce qu'on vient de passer le fuseau de changement de jour, et j'essaye de m'adapter doucement...
Alors, pour m'aider, je dors le jour, et je dors la nuit aussi.
On verra bien ce qu'il en sortira. Que le meilleur gagne.
Mais en fait il est 16h30 et mon cauchemar est encore tout frais dans mon esprit.
Figurez vous que je rêvais béatement que j'étais en train de somnoler (c'est très fort de rêver qu'on dort!), sur une plage de sable fin, à l'ombre d'un tulipier du Japon couvert de fleurs mauves. A ma droite, Momo dormait du sommeil du juste et à ma gauche, une jolie sirène en forme de demi-femme, en faisait autant. J'avais un verre de jus de mouette bien frais à la main, et les pieds dans l'eau à 33°.
Tout allait bien lorsque, dans mon demi sommeil (de rêve donc), j'entendis une sorte de corne de brume infernale, dans le genre de celle qui sort du phare d'Eckmül par les matins brumeux.
"Momo, ferme ton bec quand tu dors" dis-je à mon sphéniscidé préféré.
"C'est pas moi" qu'il me répond, l'effronté, d'une voix nasillarde.
"Olga, tu fais du bruit quand tu dors" dis-je à ma voisine en désespoir de cause.
Ah oui, au fait, elle s'appellait Olga la sirène, bien qu'elle voulait qu'on l'appelle Venise.
"Ce n'est pas moi, mon petit Babouchka parfumé en sucre de canne" me répondit-elle avec sa voix rauque de fumeuse de cigare et avec son haleine parfumée à la vodka.
"Toi voir bien que moi dormir comme petit bébé phoque sur banquise, maintenant que moi quitté homme des cavernes flottant" (en Français dans le texte)
Bon, ben c'est qui alors qui se prend pour une trompe ?
J'ouvre péniblement une paupière lourde, puis l'autre pour essayer de localiser le bruyant intrus, et là, vous ne devinerez jamais ce que, dans mon rève, je vois...

(à suivre)

Bon, alors je continue le récit de mon aventure cauchemardesque, pour ceux que ça intéresse (mais je ne raconterai jamais ça à un psy...).
Je me lève donc, dans mon rève doucereux, pour essayer de repérer d'où vient ce bruit atroce de corne de brume, qui m'a réveillé alors que je dormais sur la plage d'un ilot paradisiaque en plein pacifique et en bonne compagnie.
Et là, je m'aperçois qu'en fait je suis à bord d'un tout petit voilier d'à peine six mètres, avec une voile blanche et un foc bleu, et que je suis pris en remorque à toute allure par un autre voilier devant moi. Sur le pont, un grand blond musclé, avec une moustache noire genre Errol Flynn, danse avec un fouet à la main, et à côté, une grande blonde en bas résilles bat le rythme sur un énorme tambour, pour faire ramer les quatre gros noirs musclés qui tirent leur bateau et le mien... Vous voyez le tableau... Je remarque le nom de mon remorqueur: "Saint Guy S'Meaux" (d'où la danse, surement). J'essaye d'enlever la remorque mais je ne peux pas car elle est soudée à ma coque...
Je me retourne et là, je vois deux bateaux, l'un par tribord arrière et l'autre par bâbord arrière.
Le skipper du bateau à tribord est habillé d'une armure rutilante en forme de mini austin, et il danse une salsa endiablée sur le pont, en soufflant à pleins poumons dans sa grand voile, et en buvant de grandes rasades de rhum. Ses voiles sont immenses et il avance très vite pour me doubler. Il a une plaque d'immatriculation fixée au pied du mat, sur laquelle je lis "MBMBMBMBMBMB"...
L'autre bateau est tout près du mien aussi, et je vois son skipper danser un menuet en jouant du violon. Il est habillé en lancier et il a bicorne sur la tête. A côté de lui, un marin habillé d'un drapeau belge et coiffé d'un plat de frites, tourne une manivelle qui actionne une grande roue à aube qui fait avancer le bateau à vive allure en produisant un bruit infernal de corne de brume...
Le skipper a un tee shirt sur lequel est écrit le nom du bateau: "Peine, quoi!"...
Lui aussi boit son coup: une bouteille de St Rémy et une de Saint Zano...
C'est là que je me suis réveillé, affolé...
Bon, désolé, j'arrête là car mon chauffeur vient d'arriver avec sa voiture à gyrophare bleu.
C'est promis, je vais couper mon jus de mouette avec de l'eau de mer...